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Le Cheval Senior


 Mon cheval: compagnon pour toujours.

 

Après avoir été un compagnon des armées puis une aide aux agriculteurs, le cheval est devenu  ensuite un animal de sport de compétition uniquement valorisé par ses gains en course.

Depuis une dizaine d'années, le cheval est devenu pour beaucoup d'entre nous, le compagnon de balades, d'intimité partagée et sans doute aussi de confidence. Chacun se souvient surement de longues heures passées dans la nature avec son fidèle compagnon.

Hélas, le cheval est comme nous tous, il est sujet au vieillissement.

Dans les années antérieures, personne ne se posait la question du vieillissement du cheval car s'il ne pouvait plus travailler, cela signifiait la fin de sa vie.

Heureusement pour lui, maintenant, il y a une vie après le travail.


 Nous sommes donc de plus en plus appelés pour des consultations de chevaux gériatriques.

 

Aux Etats Unis, la proportion de chevaux âgés admis en consultation est passée de 2 à 12% en 10 ans. Comme pour nos animaux de compagnie " classiques" (chiens, chats), les progrès réalisés en nutrition, médecine, dentisterie ont permis rendre la fin de vie des chevaux beaucoup plus confortable, voire agréable pour chacun.

Selon le travail que le cheval aura réalisé tout au long de sa vie, son vieillissement sera plus ou moins précoce. Comme pour les athlètes humains, un cheval de compétition aura besoin d'une mise à la retraite plus rapidement qu'un autre bien sûr. Mais certains chevaux sont encore très jeunes  à ce moment et peuvent débuter une longue fin de vie de cheval de loisir.

 Les juments, elles,  peuvent commencer après leur carrière sportive, une carrière de reproductrice, ce qui aura tendance à entrainer pour elles un vieillissement plus précoce. On peut parler de cheval âgé à partir de 20 ans pour un cheval et un peu plus pour les poneys qui sont à la fois plus rustiques (moins de sélection) et d'une utilisation moins intensive.

Cela est peut-être en train de changer avec le désir de compétition des enfants de plus en plus jeunes qui veulent très tôt des poneys très compétitifs.

VEILLIR, MOI?

Nous acceptons difficilement pour nous même de reconnaitre que nous vieillissons, il en sera de même pour notre fidèle compagnon de balades.

Peut-être se sera- t-on rendu compte qu'il traine un peu plus la patte et qu'il est plus vite fatigué ou essoufflé, mais, si on accepte de diminuer les sorties nous n'osons pas toujours nous rendre compte de son vieillissement, sauf lorsque les signes deviennent vraiment trop criants. (amaigrissements, fonte musculaire, boiteries chroniques).

Lorsque ces signes sont très évidents, il n'est peut-être pas trop tard pour intervenir, mais il ne fait pas de doute que des lésions ont surement déjà eues lieu.

Pratiquant l'ostéopathie depuis une dizaine d'année, je profite toujours des consultations vaccinales (en espérant qu'elles soient toujours demandées) pour "passer la main" sur le cheval et me rendre compte des dysfonctions qui sont inexorablement en train de coloniser tout l'animal. Un suivi régulier ne peut qu'avoir un effet bénéfique sur cet animal vieillissant.

Malgré cela, les pathologies liées à l'âge ne vont pas tarder à s'installer durablement.

LES DENTS, LES OS, L'HYPOPHYSE


Une des causes principales de l'amaigrissement des chevaux peut venir de problèmes dentaires, qui entrainent une moins bonne assimilation des nutriments, quelle que soit leur qualité, et une mauvaise hydratation suite à des douleurs ostéoarticulaires.

Les mouvements nécessaires pour  la mastication et  la préhension de l'eau sont souvent très douloureux lors de cervicalgies.

Le dentiste et l'ostéopathe ont un rôle non négligeable à jouer dans cette pathologie.

Les problèmes dentaires, ostéoarticulaires, un parasitisme chronique, et le vieillissement du tube digestif entrainent un syndrome de malabsorption accompagné de coliques sourdes ou plus aigües (ulcères à l'estomac, polypes intestinaux...) sources de douleurs récurrentes pour notre vieil animal.

Depuis quelque temps, il a été mis un nom et surtout un traitement, sur une série de symptômes qui touchait tous les vieux chevaux: hirsutisme, amaigrissement, fourbure chronique: la maladie de CUSHING.

Cette maladie, liée à un dysfonctionnement hypophysaire, entraine des pathologies liées à la sénescence mais qui, depuis peu, peuvent être très bien gérées médicalement.

Les vieux chevaux fourbus, hirsutes et maigres qui reçoivent ce traitement semblent métamorphosés dans les quelques jours qui suivent la prise du traitement.

 

 

VIEILLIR, LA BELLE AFFAIRE, MAIS SOUFFRIR???

Que faire pour préserver au mieux la qualité de vie de notre vieux compagnon?

Comme pour tout être vivant, il est important de veiller au bien-être physique et psychique. Le vieillissement entraine une diminution de réactivité au stress et à toutes les agressions environnementales. Tout changement doit être géré dans la douceur et le confort. Les stress thermiques seront beaucoup plus durs à gérer chez l'animal vieillissant (comme chez le tout jeune, d'ailleurs) et il est donc très important de gérer au mieux les fortes chaleurs ainsi que les grands froids.

Je remarque chaque hiver une forte augmentation des mortalités ou des demandes d'euthanasie lorsque l'hiver se prolonge un peu trop.  Les douleurs articulaires ainsi que les douleurs abdominales liées à l'eau trop froide peuvent entrainer une telle douleur que l'animal ne peut plus se relever. Il est préférable à cette saison d'apporter à l'animal de l'eau tiède plutôt que de casser la glace des abreuvoirs. Une grande poubelle pleine d'eau tiède dans laquelle on aura mis la ration de foin lui apportera un réel réconfort. (Qu'y a-t-il de mieux qu'une bonne tisane chaude pour se réchauffer l'hiver?) Un abri confortable, une couverture chaude mais pas trop "rugueuse" l'aidera bien à affronter cette dure période en attendant les beaux jours.

 Au printemps, il faudra se méfier d'une pousse d'herbe trop importante cause de fourbure et de coliques, et l’été, au contraire, de l'absence d'herbe et de déshydratation.

  

Avec tous ces bons conseils, je pense que votre compagnon pourra, comme nos parents, avoir une longue vie sans stress et sans douleurs.

Dernière modification le 7 octobre 2016