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Le typhus du chat , maladie d'un autre siècle?


Le typhus du chat appelé également "panleucopénie" du chat, semblait une maladie d'un autre siècle depuis que la vaccination s'est généralisée.

 

En effet, cette maladie qui décimait des populations de chats dans les années 70/80 avait fortement diminué avec l'apparition des vaccins.

C'est à cette époque, que les chiens dans un premier temps, puis les chats sont devenus des animaux de compagnie. Auparavant, les chats vivaient dans les fermes et s'occupaient uniquement de la gestion des souris et les chiens des troupeaux ou de la garde. Ils se reproduisaient au rythme des saisons et lorsqu'ils devenaient trop nombreux, la "sélection naturelle" en décimait quelques uns pour rétablir un équilibre.

Vraisemblablement, le virus de la PARVOVIROSE était un des responsables de cette sélection naturelle.

Vers la fin des années 70;les chats ont commencé à devenir "domestiques"(vient du latin "domus=maison) et les propriétaires de chats n'acceptaient plus l'idée de la sélection naturelle.

La recherche médicale a fait le reste : la découverte du virus de la panleucopénie (Parvovirus) et la mise au point d'un vaccin efficace.Ca vaccin a d'ailleurs servi au début des années 80 à vacciner les chiens contre la parvovirose canine qui a débuté dans ces années là. L'hypothèse avait été émise à cette époque que le parvovirus canin était un mutant du vaccin félin (2 virus semblables à 95%).

Depuis de nombreuses années, la mise en place de la vaccination des chats a fait en sorte que la maladie, quoique toujours présente, faisait rarement de graves épidémies.

Mais depuis quelques mois, nous subissons dans l'Yonne une très grave épidémie entrainant la mort de dizaines de chatons. Je ne peux parler que de l'Yonne que je connais bien, n'ayant pas d'informations sur les autres départements.

 

Comme dans toute épidémie, ce sont toujours les plus faibles qui décèdent : en majorité les chatons âgés de 2 à 4 mois. Dans certains cas, on peut atteindre entre 40 à 90% de mortalité. En effet, le virus existant depuis de nombreuses années sous forme sauvage ou vaccinale, la majorité des adultes ayant déjà été en contact avec lui, possède des anticorps qui lui permettent de se protéger et de protéger sa progéniture. Tous les nourrissons qui ont profité d'un allaitement naturel (colostrum) sont protégés par les anticorps maternels pendant les 2 premiers mois de la vie. Mais, à partir de cette période, le nourrisson (chaton, chiot ou autre mammifère) ne possède plus de défense immunitaire suffisante pour lutter contre les violentes agressions de la vie communautaire. Les chatons nés en liberté dans une population "naturelle" font naturellement leur immunité, mais s'ils sont véhiculés dans un environnement beaucoup plus riches en agressions virales ou autres, ils n'ont pas le temps de développer cette immunité, tombent malades et parfois meurent rapidement si les attaques virales sont importantes.

Nous avons tous connus nos enfants revenant de la crèche ou de la maternelle malades dès le premier jour?!

Que fait-on dans ces cas-là?

On les garde à la maison le temps que l'immunité contre les nouvelles agressions s'installe dans un environnement moins "toxique".

Hélas, dans une collectivité où les animaux sont confinés sans possibilité de s'isoler, la pathologie prend de l'ampleur au fil des jours et la mortalité également.

C'est ce qui s'est passé également lorsque Christophe Colomb a découvert les Amériques : lui, il a découvert un continent et les habitants de ce continent ont découvert des maladies dont ils ignoraient tout et ils sont morts par centaines.

 

 

 

Qu'en est-il de ce virus?

Il s'agit d'un Parvovirus très résistant dans le milieu extérieur (jusqu'à 6 mois), qui s'excrète essentiellement par les matières fécales et se transmet facilement par les vêtements ou les chaussures en plus, bien sûr du contact direct entre animaux.

Symptômes:

Après quelques jours d'incubation ; les chatons présentent une forte fièvre avec parfois de la diarrhée mais pas toujours .Ils sont très abattus, refusent toute nourriture et peuvent mourir en quelques heures.

Diagnostic:

  • Une prise de sang donne un résultat rapide:

1/ test de diagnostic direct en laboratoire (séropositivité)

2/La Numération formule sanguine montre une très importante chute des Globules Blancs responsables de notre défense contre toutes les agressions.

C'est de là que vient le terme PANLEUCOPENIE: leucopénie signifie manque total de globules blancs (vient du grec: leucos =blanc, pan= total).

  • Un prélèvement de selles pour un diagnostic par PCR

 

Traitement:

Hélas, comme pour toute maladie virale, il n'y pas à proprement parler de traitement : les antibiotiques, ce n’est pas automatique, mais on en fera quand même pour éviter les complications bactériennes. L'animal sera isolé, mis sous perfusion pour lutter contre la déshydratation tant qu'il refuse de s'alimenter et surtout s'il a la diarrhée.

Si l'attaque virale est moins forte que les possibilités immunitaires de l'animal; la fièvre tombe au bout de quelques jours, l'animal peut se réalimenter et se remettre définitivement de cet épisode.

Il reste, néanmoins, excréteur pendant plusieurs jours après sa guérison étant donc un danger potentiel pour ses congénères plus jeunes ou plus faibles que lui.

Prévention:

A la lecture de ce qui précède, il est facile de comprendre que la prévention commence par la vaccination de nos animaux de compagnie.

Mais le problème ne vient pas de nos animaux qui sont soumis à des agressions faibles, dans un environnement agréable et connu, mais des animaux qui arrivent d'ailleurs pour se trouver confrontés à une multitude de stress inconnus pour eux.

C'est le problème de nos animaux SDF, trouvés "errants", surtout les mères suitées qui ne savent plus où aller pour nourrir la progéniture que le printemps leur a fait mettre au monde.

Que peut-on inventer de mieux comme stress qu’une errance de quelques jours en quête de nourriture, suivie d'une captivité jamais connue jusqu’alors, et une agression virale et bactérienne excessivement importante.

Rien sans doute et c'est ce qui explique" cette sélection naturelle" qui cette année prend la forme d'une parvovirose mais qui peut aussi s'appeler PIF ou FIV suivant les cycles de la vie microbienne....

Les familles d’accueil, ou des refuges avec un petit nombre de chats rassemblés au même endroit, si possible par même catégorie d'âge semble la meilleure prophylaxie, mais est ce toujours possible?

Dans tous les cas, avec la fin des mises bas (avril à juillet), l'épidémie devrait s'éteindre d'elle même ...

 

 

                                                                                              Dr MARC LEGROS          

                                                                                              Vétérinaire à la Clinique vétérinaire de Villefargeau

Dernière modification le 25 septembre 2016